Fameck : entreprendre pour apprendre

Leur salle de classe est leur atelier. C’est aussi leur lieu de réunion, leur chaîne de fabrication. Difficile à croire. Mais le lycée Saint-Exupéry, à Fameck, est le “siège social” d’une entreprise pas tout à fait comme les autres. Une entreprise format mini.

Depuis la rentrée de septembre, La Mini du Saint-Ex’ , crée dans le cadre du dispositif Entreprendre pour apprendre, carbure. Son produit-phare ? Les disques de stationnement. Les trente-deux élèves de 1re STMG (Sciences et Technologies du Management et de la Gestion) les confectionnent de A à Z, pendant leurs heures d’accompagnement personnalisé. Pour le côté utile d’abord, « avec le développement des zones bleues », convient Michael Dalla Rosa, professeur d’éco-gestion qui pilote ce projet fédérateur aux côtés de ses homologues Sylviane Froeliger et Fatima Abair. « Il fallait aussi trouver un produit réalisable à notre échelle , prolonge Bénédicte Zallot, la jeune P.-D.G. de “La Mini”. Parce qu’ici, on n’a pas de machines-outils. » Le coût de fabrication a évidemment eu son importance. Pari réussi.

Pour un disque de stationnement, prévoir du papier photo, des bombes de peinture bleue et des attaches parisiennes, dénichés dans un hard-discount de Fameck. Un peu de dextérité, de minutie et d’organisation aussi. Quelques séances de brainstorming plus tard, le disque est né. « Bon, c’est sûr, ce n’est pas le métier que je rêve de faire », avoue Valentin Bellofatto, appliqué à plier, découper et dessiner. N’empêche. Lui s’imagine bien « à la tête d’une agence immobilière ou d’une concession ». Ce projet donne le ton. Gérer une entreprise, ça ne s’improvise pas. « Je le vois dans mes cours , confirme Sylviane Froeliger. Ramenés à du concret, les grands principes sont beaucoup mieux assimilés ! »

Commande d’une auto-école

Pour l’heure, 140 exemplaires sont sortis des “ateliers” au prix de 2€. Ils se sont vendus comme des petits pains lors de la journée portes ouvertes, floqués d’un logo spécial “cinquantenaire de l’établissement”. Des élèves s’étaient également déplacés dans un hypermarché de Semécourt. Là aussi, tout le stock est parti. Dans la cagnotte des élèves, 230 € de bénéfices nets.

La moitié sera reversée à l’Association pour la recherche et les études dans les maladies infantiles graves, à Vandœuvre-lès-Nancy.

Et c’est pas fini ! Reste un nouveau client à honorer : une auto-école de Trieux a passé une commande de 100 exemplaires. Pour la peine, elle aura droit à son logo. « Pour une fois, on nous prend au sérieux , apprécie Bénédicte, la chef d’entreprise qui se verrait bien plus tard expert-comptable. Et puis voir qu’on nous fait confiance, c’est hy per motivant. Ça nous donne envie de réussir notre mission. »

Dernière spécificité de La Mini : elle est éphémère. Elle sera dissoute en juin. Viendront alors d’autres idées, d’autres projets. Prompts à faire jouer ces lycéens dans une autre cour que celle qui entoure le bâtiment. Celle des grands.

Joan MOÏSE (Républicain Lorrain du 24 mars 2016)